Du 8 au 26 mai | “Seulement des histoires”

Bé LISSONDE – «Seulement des histoires » Sculptures et gravures

VERNISSAGE LE 11 MAI À PARTIR DE 18H EN PRÉSENCE DE L’ARTISTE

Des histoires sur l’irréparable outrage du temps qui passe, un essoufflement, une dégradation.

Des histoires de familles, de parentés, de petites unités sociales, observables, passées, présentes, futures.

Des histoires d’engrenages, de mouvements, d’équilibres.

Seulement des histoires…

Vous en connaissez des tas.

Choisissez celle qui a le plus de sens pour vous.

 

Née à Albi en 1965 à 20 km du village de Monestiés où ont vécu ses grands-parents maternels et paternels.
Ses parents quittent le Tarn pour s’installer au milieu des vignes du bordelais. Elisabeth Lissonde se souvient d’une enfance qui se passe “au rythme des cars scolaires”. Elisabeth Lissonde rencontre et suit son futur mari en région parisienne. Le couple s’installe à Ivry sur Seine.
Elle travaille dans différents secteurs pendant vingt ans, tout en consacrant son temps libre à la pratique artistique.
Elle profite de ses deux maternités pour réaliser des projets: “ En 93, j’écris et dessine un livre pour enfant et en 99 je fais une série de sculptures bois, acrylique et papier mâché”. Mais il faut attendre 2016, quand elle connaît un grave problème de santé, pour qu’elle quitte son travail et se consacre entièrement à l’art.
En 2019, déménagement de l’atelier dans la maison familiale de Monestiés, où elle peut installer une presse et développer des techniques d’impression.
En 2022, elle rencontre un artisan métalliste dans le Tarn capable de faire les découpes plasma, ce qui lui permet de réaliser ses sculptures.

 

Article d’Anne Devailly – Magazine “Artistes d’Occitanie, les 30 artistes 2024”

La légèreté du fer, la solidité du papier
Elisabeth Lissonde pratique un dialogue entre de grandes sculptures en fer et de plus modestes gravures sur papier. Les formes et les matières se répondent, dans une danse où on finit par oublier qui, de la sculpture ou de la gravure, qui donna naissance à l’autre.

Au départ, cela se passe crayon à la main: l’artiste fait des crayonnés rapides de ses futures sculptures. Une fois les grands équilibres trouvés, elle passe à des dessins précis au millimètre près nécessaires pour réaliser ses sculptures constituées de pièces métalliques qui s’emboitent les unes dans les autres.
Et voilà comment naissent des sculptures parfois imposantes par leur taille (près de 2 mètres de haut), mais toute en légèreté, en raison des vides et des pleins, des enchevêtrements, de la finesse des découpes. Ces enchevêtrements de formes arrondies évoquent, au choix des paysages urbains, des machines improbables, des créatures qui se cherchent, se tiennent chaud, s’assemblent. La série s’appelle “Seulement des histoires” et de fait, on peut voir des enfants se raconter des choses, ou, pour l’une d’entre elle dominée par un immense arrondi, un grand-père ou une grand-mère qui se penchent avec douceur sur les plus petits.
Quel que soit le nombre de formes, les pleins, les déliés, voire les creux – comme dans une écriture- , dote chaque sculpture d’une grande légèreté, légèreté renforcée par leur verticalité: tout s’élève, rien ne s’appesantit. Pour aller encore plus loin, l’artiste a souhaité que ses dernières pièces n’aient plus de socle. Les pièces partent donc du sol, sur des tiges métalliques qui vont progressivement établir le dialogue entre elles en s’élevant.

Dans une autre série, l’artiste déploie toute une variation autour des créatures vivantes, mais cette fois-ci en deux dimensions. Vivantes, toutes en rondeur, faites d’éléments que l’on reconnaît mais qui semblent avoir pris leur autonomie: une main qui ressemble à un visage, des doigts démesurés, un sein qui cherche à se détacher du corps, etc. Des créatures informelles, mais qui évoquent toutes la féminité.
La plupart du temps, l’artiste travaille par série, et donne des noms à ces ensembles, mais n’en donne pas à chacune des œuvres. “Le titre de la série donne une piste et ensuite, mes œuvres parlent d’équilibre, de famille, de cohésion”. L’artiste elle-même voit un thème prégnant dans ses œuvres: l’écoféminisme, ou comment la nature et les femmes, par des voies parallèles, doivent faire face, s’imposer pour exister, sans toutefois perdre leur identité. Voilà pour la partie sculpture du travail de l’artiste. Mais commence alors un deuxième travail, fruit d’un regard qu’elle pose alors sur ses sculptures. “La sculpture est faite pour résister au temps qui passe, mais je voulais aussi qu’elles me permettent de travailler sur l’usure du temps. Et pour cela, je pars de ces oeuvres solides, stables, durabes pour évoquer quelque chose de plus fugace en papier en deux dimensions”.
L’artiste appelle cette série Altération. Altération des sculptures, devenues bidimensionnelles, altération des formes, altération des couleurs, qui donnent l’impression de passer, inexorablement…
Pour parvenir à ce résultat, l’artiste déstructure ce qu’elle a réalisé en trois dimensions, pour n’en garder que quelques formes, juste comme un rappel. Et avec ces formes, elle crée une œuvre qui reprend le vocabulaire de la sculpture. Il en ressort des oeuvres troublantes, qu’on est d’abord incapable de situer par rapport aux sculptures: un avant ? un après? Une œuvre qu’il est également difficile de situer techniquement: les couleurs font référence aux teintes que pourraient prendre certains métaux avec la patine du temps, leurs formes pourraient aussi faire penser à des morceaux de métal usés.
Il s’agit en fait de gravure, mais d’une gravure qui combine un matériau “pauvre” (le tetrapack) avec de la colle pour des effets de matière (la collagraphie). L’utilisation du tetra pak a un intérêt évident quand on sait que ses oeuvres sont une variation sur une sculpture: le tetra pack permet des superpositions, car il n’est pas trop épais, mais il l’est suffisamment pour que cette superposition donne des traces dans la gravure finale: il y a bien, comme dans une sculpture des bouts dessous, d’autres dessus.
“Tout ce travail m’a demandé beaucoup de réflexion, de tentatives, ce n’est vraiment pas arrivé d’un coup. Pour obtenir le relief, la profondeur, la transparence, la patine, j’ai cherché: je voulais vraiment que tous ces paramètres évoquent l’usure, le temps à l’œuvre”.
Et entre les sculptures et les gravures, figurent un entre-deux: des sculptures en deux dimensions, la plaque métallique étant découpée au plasma, mais restant entière: le motif est juste décalé du fond, formant un bas relief d’un nouveau genre.
Là encore, on est dans un entre-deux fructueux: dessin, sculpture, relief, deux ou trois dimensions, plein, creux.
Elisabeth Lissonde est une musicienne qui fait ses variations avec les outils du plasticien.

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